Le 22 avril, la direction du groupe a présenté un projet de réorganisation de la division Avions.
Pour la direction, l’assemblage des aérostructures redevient une activité cœur de métier, et ce faisant, elle renie la position qu’elle défendait bec et ongle en 2008 lorsqu’elle décidait d’externaliser les sites d’aérostructures en vue de les vendre. En France, ce fut la création d’Aerolia qui deviendra Stelia Aerospace en fusionnant avec SOGERMA.
La CGT se félicite de ce changement de stratégie que nous avions ardemment combattu, tellement il est incongru que les aérostructures (le fuselage, les ailes, la queue, la pointe…) ne soient pas considérées comme cœur de métier d’un avionneur.
Faute avouée à moitié pardonnée… mais à moitié seulement car la direction refuse d’aller au bout d’une logique industrielle cohérente et efficace.
Avec le retour des aérostructures dans le cœur de métier nous aurions pu espérer la consolidation de la division Avions du groupe dans une ENTREPRISE UNIQUE pour la France. Ce n’est pas le choix de la direction qui veut maintenir deux entreprises distinctes avec une modification de leur contour. Il y aurait une entreprise d’assemblage et de commercialisation des avions (composée des sites Airbus de la division Avions de la région toulousaine) et une nouvelle entreprise fournisseuse des aérostructures (composée des sites français actuels de Stelia, de ses filiales étrangères et des sites Airbus de Nantes et Saint-Nazaire).
Cela va à l’encontre de la simplification des interfaces et donc de l’efficience industrielle. La direction met en avant un changement de modèle, passant d’un modèle client-fournisseurs à un modèle s’appuyant sur la collaboration étroite des fonctions des deux entreprises (Manuf Engineering, Qualité, Engineering, …). Dans ce cadre, quelle sera la nature de la relation commerciale entre les deux entreprises ? Maintenir deux entreprises, c’est maintenir une relation « donneur d’ordre / sous-traitant » source de tension et d’inefficacité.
Le lien de subordination et la pression sur les prix que subira l’entreprise fournisseuse des aérostructures pourraient accentuer les externalisations d’activités et les délocalisations vers des pays à bas coûts déjà initiées par Stelia et, en cascade, chez les fournisseurs de pièces élémentaires. Cette inquiétude est d’autant plus légitime que la direction ne cache pas son intention d’améliorer sa base de coût et sa compétitivité. La recherche de profit peut aussi conduire à peser sur la masse salariale et les conditions de travail. Nous nous interrogeons également des impacts pour les sites de production de pièces élémentaires et de sous ensemble (St Eloi, St Nazaire Ville, …) suite à la création en Allemagne d‘une entreprise de production de pièces élémentaires qui devrait sortir du groupe.
La restructuration devrait au contraire se donner pour ambition de pérenniser la filière aéronautique en Europe et en France avec des investissements massifs pour développer une aéronautique répondant aux besoins des populations dans le respect des enjeux climatiques. Cela passe aussi par un assainissement des relations entre les grands donneurs d’ordres et la chaine de sous-traitance.
Ce n’est pas la tendance qui se dégage quand on constate une réduction des budgets de recherche et développement autofinancés où lorsqu’on examine la dépendance excessive des entreprises sous-traitantes à un seul donneur d’ordre.